La descente vers le sud de la Nouvelle-Zélande se poursuit. La State Highway 6, qui part au sud de Queenstown, m’amène à Invercargill. Plus loin, se trouve Bluff, petite ville très symbolique pour les voyageurs.
Invercargill
Honnêtement, il n’y a pas grand chose à dire sur Invercargill. C’est la grande agglomération la plus au sud de la Nouvelle-Zélande, et elle compte un peu plus de 50 000 habitants. C’est la ville la plus peuplée du Southland, grande région méridionale du pays. Ce qui surprend dans cette ville c’est le manque de relief : alors que dans le reste de la Nouvelle-Zélande, une grande partie des villes sont entourées de collines et ont droit à des rues qui montent et descendent sans cesse, ici c’est le contraire : c’est plat de chez plat.
La ville à tout de même un certain charme car elle abrite de vieux bâtiments issus du début de la colonisation britannique.
Plus important, Invercargill est la ville de la Southern Institute of Technology, une université dont les frais de scolarité sont gratuits (« Zero Fees Scheme« ), ce qui a permis de redonner un dynamisme démographique à l’agglomération en attirant de jeunes étudiants, à la fois Néo-Zélandais mais aussi internationaux, car le programme est ouvert aux Australiens et aux résidents (temporaires ou permanents) de Nouvelle-Zélande.
Il est également possible d’y visiter le Southland Museum & Art Gallery, un musée gratuit spécialisé dans l’histoire naturelle et culturelle de la région du Southland.
Je ne suis resté qu’une nuit à Invercargill, car mon passage dans la ville n’était motivé que par une seule chose : la petite ville de Bluff.
Bluff, à l’extrême sud de la Nouvelle-Zélande
A 30 kilomètres au sud d’Invercargill se situe Bluff, ville pleine de symbole pour les voyageurs. C’est dans cette ville que s’achève la State Highway 1, la route qui parcourt le pays du nord au sud, de Cap Reinga (à l’extrême nord), jusqu’au Stirling Point, qui arrête officiellement la route au sud.
Si Bluff est la ville la plus au sud de la Nouvelle-Zélande, le Stirling Point n’est pas l’endroit le plus au sud. Il faut aller un peu plus à l’est, au Slote Point.
Néanmoins, Bluff et Stirling Point symbolisent pour les voyageurs qui ont traversé en long et en large de la Nouvelle-Zélande, un accomplissement : celui d’être arrivé au bout du chemin du pays du long nuage blanc, en se remémorant tous les kilomètres parcouru depuis l »arrivée dans le pays. En tout cas, c’était mon sentiment quand j’étais sur place. J’ai également eu une pensée pour Cap Reinga, situé à plus de 1 400km au nord.
A Bluff, il y a du vent, beaucoup de vent, qui nous vient directement de l’Antarctique, à plus de 2 000 kilomètres au sud. Les vents sont violents, car rien ne les arrête quand ils rencontrent les terres néo-zélandaise.
Bluff est une ville portuaire, ce qui permet d’exporter les produits agricoles de la région, mais surtout de l’aluminium transformé : la ville abrite la seule fonderie d’aluminium du pays.
En outre, la ville sert aussi de liaison avec Stewart Island, la troisième île majeure du pays qui n’est en fait qu’un immense parc national, très peu habité : deux ferrys font la traversée chaque jour. Bluff est aussi le point de départ des bateaux néo-zélandais qui se rendent en Antarctique.
Pour ma part je n’irai pas plus loin, même si le fait d’être plus ou moins en face de l’antarctique (certes, à des milliers de kilomètres) me fascine un peu. Il est temps de remonter dans le pays et l’île du sud, mais cette fois, par la côte Est, en passant par les Catlins !
The Catlins
Voilà un endroit qui aurait mérité de s’y attarder plus longtemps et d’y consacrer un article entier. Faute de temps, je ne l’ai traversé qu’en une journée, en partant d’Invercargill pour aller à Dunedin.
Les Catlins, c’est une zone au sud-est de la Nouvelle-Zélande qui s’étend sur les régions du Southland et de l’Otago. Ce n’est pas une des plus touristiques du pays, et pour cause : elle est pratiquement déserte et son paysage côtier est chaotique. A l’intérieur des terres se trouve une forêt très dense qui abrite de nombreuses espèces d’oiseaux menacés.
Il est possible de traverser Les Catlins en longeant la côte par la Southern Scenic Route, qui passe par les principaux points d’intérêts de la zone. C’est beaucoup plus lent que la route principale, car elle tourne et vire sans cesse, n’est parfois pas goudronnée (il faut passer par les fameuses Gravel Road), et surtout, il y a énormément d’occasion de s’arrêter pour admirer le paysage. Les voitures que j’ai croisé durant la journée doivent se compter sur les doigts des deux mains.
Ce qui frappe dans Les Catlins, c’est les arbres : à cause du vent très fort et constant qui arrive de l’Antarctique, les arbres sont penchés et leurs branches se dirigent toutes dans la même direction ! On ressent le souffle exercé dessus depuis leur naissance. Au final, ils grandissent penchés et restent comme ça toute leur vie. C’est très déroutant : on dirait qu’une malédiction est tombée sur la région pour les rendre ainsi.
Face aux caprices du vent, les côtes des Catlins sont balayées par de fortes vagues qui rendent difficile la baignade, mais font par contre la joie des surfeurs. De nombreuses baies sauvages habillent les côtes de la région. Elles peuvent être très différentes les unes des autres : tandis que Tautuku Bay est une grande plage de sable facilitant le surf, Curio Bay est beaucoup plus agitée avec les vagues qui s’écrasent avec force contre les roches.
Dans les Catlins, on peut aussi faire des rencontres très sympas avec la faune locale, qui n’a pas vraiment peur de l’homme. Il n’est pas rare de croiser des otaries, d’autant plus qu’elles sont silencieuses et se prélassent souvent sur la plage en se fondant dans le décor. Une m’a d’ailleurs surprise alors que je marchais sur une plage rocailleuse car sa couleur était la même que celle du sol, je ne l’ai vu qu’au dernier moment. Il est recommandé de se trouver à plus de 10 mètres afin de ne pas les gêner, mais ma présence n’avait pas l’air de contrarier celle-ci….
Il est dommage que je ne sois pas resté davantage dans les Catlins, car la zone semble avoir pas mal de secrets à découvrir. S’il est vrai que le climat est assez rigoureux en hiver et au début du printemps, car très exposé au vent, cela participe à son côté sauvage et c’est justement ce qui fait son charme : une terre exposée aux forces de la nature en subissant ses caprices mais qui, si l’on cherche bien, recèle pas mal de surprises.