C’est le début de l’hiver en Nouvelle-Zélande, nous sommes mi-juin et j’ai déjà parcouru la moitié du pays. Témoin de mes propres yeux de la beauté naturelle de la Nouvelle-Zélande, je me dis que le meilleur reste à venir avec l’ïle du sud, tellement vantée par les autres voyageurs (et les kiwis) rencontrés au fur et à mesure du voyage.
Cependant, si l’hiver est assez doux dans l’île du nord, il peut être plus rigoureux dans le sud : l’idée de passer la saison froide à Wellington avec son climat plus clément m’effleure donc l’esprit.
Wellington est dans tous les cas un passage obligé en Nouvelle-Zélande, et ce pour trois raisons :
Capitale politique
Située au sud de l’île du nord, Wellington occupe une position géographique centrale dans le pays. C’est en partie pour cet emplacement qu’elle doit son statut de capitale, obtenu en 1865 au détriment d’Auckland. Cela s’explique par le fait que le gouvernement de l’époque aurait eu peur que les régions de l’île du sud, riches en or, finissent par former une colonie séparée. En déplaçant le pouvoir du nord du pays vers le centre, le gouvernement renforce davantage son influence sur le sud du pays.
Contrairement à beaucoup de villes en Nouvelle-Zélande, l’organisation urbaine de Wellington est assez chaotique : beaucoup de rues sont extrêmement raides et grimpent le long des collines environnantes. Cela s’expliquerait par le fait qu’initialement, les colons de l’époque avaient commencés à construire leurs habitations dans l’actuelle « Petone » (appelée Britannia à l’époque), se trouvant de l’autre côté du Wellington Harbour. Le terrain est cependant sujet à de nombreuses inondations, et il est décidé de déplacer la ville à l’emplacement actuel, sans modifier les plans d’origine, et donc sans tenir compte de son relief. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’un cable car a été construit afin de faciliter le transport des résidents du haut des collines, jusqu’au centre de la ville à Lambton Quay, rue se situant dans le quartier des affaires de Wellington, plus près du niveau de la mer.
Capitale Culturelle
Réputée très culturelle, Wellington bénéficie de nombreux atouts lui permettant d’être à la hauteur de cette réputation. Le nombre de musée qu’elle abrite est bien supérieur aux autres villes du pays. Le plus grand, le musée national Te Papa Tongawera s’étend sur 5 étages, et utilise l’histoire du pays comme fil rouge afin d’expliquer des phénomènes naturels, ou raconter des parties importantes de l’Histoire moderne comme les deux guerres mondiales. Les différentes collections du musée sont tellement denses qu’il faut plus d’une journée pour les regarder dans leur ensemble. Cela tombe bien, le musée est gratuit.
Wellington est également une ville cinématographique, grâce aux studios de post-production Weta de Peter Jackson, le réalisateur de la série du Seigneur des Anneaux. Ces studios servent à insérer des effets spéciaux après les tournages, et ont notamment participé à la réalisation de films comme Le Monde de Narnia, ou Avatar, sorti en 2007.
Il est possible de visiter une partie de ces studios dans les Weta Cave, où l’on explique aux visiteurs le processus de création d’accessoires fantaisistes et des effets spéciaux numériques.
En 2014 sort le film « What we do in the shadow » (Ce que l’on fait dans l’ombre), un faux documentaire humoristique sur la vie de vampires qui résident à Wellington.
La porte d’entrée vers l’île du sud
Wellington est un passage obligé pour tout ceux qui voyagent à travers tout le pays en road-trip, car la ville est le point de départ pour la traversée dans l’île du sud. A travers le détroit de Cook (Cook Strait) des ferrys partent de Wellington en direction de Picton. Il faut trois heures pour traverser cette zone balayée par les vents des quarantièmes rugissants, ce qui en fait un des détroits les plus dangereux au monde à naviguer.
Pourtant, de nombreuses traversées se font chaque jour, opérées par deux compagnies : l‘Interslander et le Bluebridge. De nombreux voyageurs et de vacanciers Néo-Zélandais optent pour cette solution car il est possible d’y faire traverser sa voiture ou son camping-car, l’île du sud étant très propice au camping dans des endroits magnifiques. La traversée en ferry est elle-même une expérience à part entière. Pour de nombreux voyageurs, cela marque la moitié du voyage parcouru car le détroit se situe près du centre géographique du pays. C’est un passage entre deux mondes : on quitte la volcanique et peuplée île du nord pour découvrir l’île du sud, beaucoup plus sauvage et déserte démographiquement.
Trois mois en cuisine
Pour ma part, cela semblait être le point idéal pour faire une pause dans le voyage en attendant que l’hiver passe, et trouver un travail, histoire de découvrir une routine et des habitudes de vie différentes. Ce premier objectif s’est fait assez rapidement. Mon anglais ayant un niveau que je considère de « peu satisfaisant », je ne pouvais prétendre à un travail qualifié. J’ai donc travaillé pendant trois mois en soirée au sein de « The Library Bar », un bar chic où des cocktails et des desserts (dont des spécialités françaises) sont servis. La clientèle est plutôt aisée car les prix sont élevés. Des cadres qui vont de la trentaine à la cinquantaine sont assis dans des gros fauteuils en cuir, dans une ambiance feutrée où l’éclairage est juste assez suffisant pour se voir en face de la table. On y croise aussi pas mal d’étudiants venus se faire plaisir un vendredi ou samedi soir, avant d’aller ailleurs pour passer à quelque chose de plus sérieux.
En guise de décoration : des livres, beaucoup de livres qui remplissent des étagères placées partout où il est possible d’en placer. Mais soyons honnête : je n’ai jamais vu un client avec un tel objet dans les mains. Et même si le lieu se veut cosy, il n’en est pas moins bruyant. Surtout les vendredi et samedi soir où un orchestre fait le déplacement pour jouer des morceaux de jazz ou de blues.
Stricte, la clientèle se révèle parfois même très sévère et n’hésite pas à renvoyer les amuses-bouches salés et les desserts pourtant préparés avec soin et passion (si si, c’est vrai). Elle ne s’en ira qu’au milieu de la nuit où il sera également temps pour moi de rentrer dans les rues désertes de Wellington.
Wellington’s Nights
Car c’est bien là quelque-chose qui m’a frappé : Wellington à beau être une capitale, il n’y a personne dans ses rues passé 22 heures en semaine, malgré la taille de la ville plutôt réduite par rapport à d’autres capitales ou certaines villes d’Asie. Il n’y a que le vendredi et le samedi soir où l’on ressent tout le déchaînement d’une jeunesse qui a passé une semaine à rester chez elle devant Netflix. Pour sa défense, il est quand même à noter que c’était l’hiver, saison moins propice aux sorties en semaine. Et il faut bien avouer que malgré la pluie ou le vent, les jeunes défieront les éléments chaque vendredi et samedi soir pour sortir.
Cuba Street et Courtney Place sont les deux artères principales de la ville. C’est ici que la musique des bars, les beuglements des jeunes abreuvés d’alcool, et les sirènes de police se feront entendre. Bien mal celui qui pensait être tranquille le week-end en se prenant un appartement à proximité. Il pourra cependant trouver le sommeil sur les coups de 3 à 4 heures du matin. Ici, rien ne reste ouvert après, mais ça sera sûrement l’occasion pour certains de se faire des copains dans la rue : même si l’alcool aide, les kiwis sont des gens très avenants et n’hésitent pas à aborder la conversation et même à vous payer une bière après 10 minutes de conversation.
C’est en tout cas ce qui m’est arrivé là où j’aimais aller après mon shift (comprenez, après mon travail), au Fast Eddie’s Poolhall. Ce bar, il ne paye vraiment pas de mine à l’extérieur : situé dans une petite ruelle digne d’une zone industrielle laissée à l’abandon, il faut monter dans un immeuble entièrement tagué qui rappelle ceux de nos plus belles citées glauques. On ne sait pas ce qu’on va y trouver en haut, mais la curiosité pousse à aller jeter un coup d’œil.. Les basses de la musique se font déjà fortement ressentir lors de la montée des marches, sans lumière pour nous accompagner, et on sait qu’on est très loin du blues ou du jazz de mon lieu de travail.
Arrivé finalement au deuxième étage, c’est une salle immense qui se présente à nous, couverte à 80% de billards. Au fond de la salle, la piste de danse accueille les évadés de la nuit, qui dansent chacun à leur manière. Malgré la musique douteuse (question de goût), les appréhensions du début se dispersent vite et on voit bien qu’ici les gens sont là pour se déchaîner et n’avoir que faire du regard des autres : on se lâche dans un endroit qui tranche pas mal avec les bars plus classique de Courtney Place. Et le truc cool : les billards sont gratuits.
D’auberges en auberges
Trouver un appartement pour trois mois est assez difficile à Wellington : les potentiels colocataires que l’on contacte préfèrent généralement une durée minimale de six mois. La solution est donc de rester en auberge de jeunesse en tant que long term : c’est comme ça qu’on appelle les voyageurs qui y résident plusieurs semaines. J’ai par conséquent changé plusieurs fois de lieu avant de plus ou moins rester au Dwellington, la meilleure auberge où j’ai résidé à Wellington. Avant celle-ci, j’en ai testé plusieurs dont certaines franchement douteuses qui ressemblaient plus à un squat qu’autre chose. Un HelpX lors de mon arrivée à Wellington m’a également permis de me poser, le temps de me trouver un travail. Lors de mon dernier mois à Wellington, une amie m’a prêté son appartement car elle devait aller travailler à Auckland pendant plusieurs semaines : j’ai donc pu redécouvrir les joies d’avoir son chez-soi que je n’avais plus connu depuis plusieurs mois.
Au final, j’ai vécu dans quatre quartiers de Wellington, illustrés sur la carte ci-dessous.
Une ville qui a beaucoup à offrir
Que retenir au final de ces trois mois à Wellington ? C’est une ville qui est souvent comparée à Auckland, et, en dépit de son climat qui est un peu plus ardu avec ses vents forts (on surnomme Wellington « Windy Welly »), elle remporte généralement les suffrages. Cela s’explique sûrement par son atmosphère un peu plus chaleureuse : Wellington est une ville petite et beaucoup plus concentrée qu’Auckland, ce qui donne une impression de dynamisme beaucoup plus important avec une culture « underground » plus prononcée (il n’y a qu’à voir les magasins de Cuba Street dont beaucoup sont très fantaisistes). Wellington est une ville qui regorge de cafés en tout genre, à chaque coin de rue les habitants peuvent trouver leur bonheur, et ils n’hésiteront pas à tester des nouveaux dès qu’ils feront leur apparition.
Enclavée dans le Wellington Harbour, il est plus difficile de sortir de la ville pour aller dans les grands espaces Néo-Zélandais à proximité par rapport à Auckland. Néanmoins, les différentes collines à proximité, le parc restauré de Zélandia et les parcs autour de l’Harbour permettent aux habitants de se mettre au vert le temps d’une journée. Turakirae Reserve propose notamment de grands espaces pour retrouver le calme, loin de l’ensemble urbain de Wellington. Il y est même possible d’apercevoir l’île du sud quand le temps le permet !
Si je devais résumer un trait de caractère propre à Wellington, je lui donnerai celui d’excentrique, là où Auckland se veut plus classe. Au fond, ce n’est pas le même type de villes et il parait dur de dire si l’une est mieux que l’autre. Auckland est une ville davantage internationale et sobre avec beaucoup d’avantages, là où Wellington essaye de garder une douce folie qui fait son charme. Sa météo est d’ailleurs à son image : folle et imprévisible, mais qui au fond fait sourire. Et puis, quand le soleil se montre enfin, elle dévoile tout son potentiel. Comme on dit là-bas : You can’t beat Wellington on a good day.