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La majorité des villes que j’ai visité en Nouvelle-Zélande m’ont guère inspirées, car pas assez d’histoire, d’architecture intéressante ou d’identité. Cela s’explique surtout par le fait que le pays est jeune, même si quelques exceptions sont là : Rotorua et la culture maori, ou Dunedin et son architecture.

A contrario, Christchurch m’a marqué, mais dans un sens assez particulier. Autant le dire tout de suite : cette ville m’a foutu le cafard.

Christchurch en Nouvelle-Zélande

Christchurch, la dévastée

Pourtant, Christchurch a été habituée à être une ville dynamique, vivante. C’est la deuxième ville du pays en terme de population, et la première de l’île du sud. Elle a un patrimoine historique plus ancien que la plupart des villes de Nouvelle-Zélande (excepté peut-être Dunedin), possède une des plus anciennes université du pays, et son économie, centrée sur l’agriculture et les technologies de l’information et de la communication depuis peu, se porte bien.

Oui mais voilà, la Nouvelle-Zélande se trouve sur la ceinture de feu du pacifique, une immense zone sur laquelle les tremblements de terre et les séismes sont fréquents plus que partout ailleurs, et Christchurch en a fait la terrible expérience.

Ceinture de feu du Pacifique

La Nouvelle-Zélande se trouve sur la ceinture de feu du Pacifique

 

Des séismes qui changeront la face de Christchurch

Le 4 septembre 2010, un séisme d’une magnitude 7.1 sur l’échelle de Richter frappe Christchurch et le centre de la région du Canterbury à 04h35.  L’épicentre se trouve alors à une quarantaine de kilomètres de Christchurch. Si le séisme est fort au point de fragiliser des bâtiments, il ne fait pas de victime.

Un second séisme atteint Christchurch le 11 février 2011 à 12h51. Considéré comme une réplique du premier, il est moins fort, avec une magnitude de 6.3. Pourtant, c’est lui qui va être fatal à la ville.
Beaucoup plus proche que le précédent, à seulement 10km de Christchurch, il est beaucoup plus ressenti dans le centre de la ville. Des bâtiments, déjà fragilisés par le précédent tremblement de terre de 2010, vont finalement succomber et s’écrouler, faisant d’importants dégâts dans le centre de la ville.

Ces écroulement vont également faire de nombreuses victimes, et la Nouvelle-Zélande va connaître son pire bilan humain depuis la catastrophe de Napier en 1931. Au total, 185 victimes auront été dénombrée.

Symboles de cette catastrophe qui aura traumatisé tout le pays : l’immeuble de la Canterbury Television (CTV) (dont l’écroulement a causé à lui seul près de 64% des victimes) doit être complètement rasé, tandis que la Cathédrale de Christchurch est très fortement endommagée.

La Cathédrale de Christchurch détruite

 

L’ampleur des dégâts est telle que de nombreux bâtiments très abîmés resteront longtemps tels quels, jusqu’à ce qu’on décide de les raser car jugés trop chers et dangereux à réparer.
Le recensement des dégâts par les assurances est très long, et certaines personnes sont obligées, plusieurs années après, à rester dans leur maison endommagée en attendant la prise en charge des réparations, tandis que d’autres ont tout perdu en deux minutes, leur maison ayant disparue pendant le séisme.
Des zones rouges sont également crées et interdisent dorénavant toute habitation, ceci dû aux sols devenus trop peu fiables. De nombreuses maisons devant être rasées, l’Etat néo-zélandais s’est engagé à racheter leur maison au prix de 2007.

 

Une ville à l’atmosphère particulière

Depuis 2011, la ville est un chantier permanent. La tâche est immense, et il faudra probablement plus de 10 ans avant de terminer la reconstruction.

On m’avait prévenu à plusieurs reprise avant que je me rende à Christchurch : « Cette ville rend triste », « On dirait une ville morte », « Il y a des travaux partout », etc. Et en effet, quand j’y suis allé, ce n’était pas la joie. D’autant plus que je m’y suis rendu dans une période de vacances et de jours fériés, ce qui n’arrangeait pas les choses question activités.
Partout, des chantiers façonnaient le paysage de la ville. Le fait qu’il n’y ai personne dans ces chantiers me laissaient une impression (fausse) de ville à l’abandon. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’était une ambiance post-apocalyptique, mais cela y ressemblait, tant les dégâts étaient visibles à chaque coin de rue.

Dans certains quartiers, la ville paraissait complètement morte tant le silence et l’absence de monde se mariait avec les gravats, les pans de murs soutenus par de maigres poteaux, et les échafaudages abandonnés par les travailleurs du bâtiment.

Bâtiment détruit à Christchurch

Ruines à Christchurch

 

Néanmoins, avec toute la reconstruction à faire, la filière du bâtiment se porte extrêmement bien à Christchurch, et la ville connait actuellement un taux de chômage parmi les plus bas du pays.
Pour les résidents temporaires dans le pays (comme moi), Christchurch est une aubaine car les entreprises du bâtiment emploient à tour de bras. Pas besoin d’être expert dans la maçonnerie ou charpentier renommé : il y a de la place pour tout le monde pour aider à reconstruire, même pour les tâches les plus simples.

La vie continue

Des projets pour aller de l’avant : The Cathedral Cardboard et Re:START

Malgré l’ambiance morose de Christchurch après la destruction de son centre, la ville essaye de continuer à vivre. En attendant le remplacement de la cathédrale de Christchurch, une autre cathédrale temporaire a été érigée. Sa particularité est d’être en carton renforcé, ce qui lui permettra de tenir 50 ans.

Cardboard Cathedral - Christchurch

La Cardboard Cathedral à Christchuch

 

La reconstruction, c’est aussi l’occasion de voir des projets originaux émerger. Re:START en est l’exemple le plus connu. Avec la disparition du centre commercial de la ville lors du tremblement de terre, il a été décidé d’en bâtir un nouveau à côté, entièrement fait de conteneurs.
Ce choix, unique au monde lors de son élaboration, s’est justifié par sa facilité à le mettre en place : les conteneurs sont facilement aménageables et peuvent être déplacés rapidement, si besoin.  Il n’a donc fallu que quelques mois après le séisme pour que Re:START soit ouvert au public, ce qui était important pour que la ville reprenne un semblant de vie et aille de l’avant.

Re:Start - Magasins à Christchurch

Re:Start : café à Christchurch

 

Aujourd’hui, Re:START est devenu une curiosité de Christchurch, qui attire les touristes… A tel point que la zone commerciale pourrait devenir peu à peu emblématique de la ville.

185 Empty Chairs - Christchurch

Ces chaises vides, au nombre de 185, représentent les victimes du séisme de 2011 (Crédit photo : Grey Geezer)

 

Et ensuite ?

Christchurch a été énormément blessée par ces deux séismes, et cela sera très long et difficile de passer à autre chose. Pourtant, la ville a une occasion unique pour se redéfinir et se créer une toute nouvelle identité unique dans le pays, afin d’en tirer parti dans l’avenir.

Gloucester Street - Christchurch

 

Ce qui est arrivé à Christchurch me fait inévitablement penser à la catastrophe de Napier de 1931, où la ville fût elle aussi détruite par un séisme. Suite à cette catastrophe, Napier a su saisir une opportunité pour se reconstruire et se forger une identité à part entière par le biais de son architecture Art-Déco, dont elle tire parti maintenant en vantant ses atouts dans un but touristique.

Il ne reste plus qu’à Christchurch de faire de même, et personnellement je suis très curieux de voir comment la ville va s’y prendre pour surmonter cette épreuve qui semble colossale.

James Cook Statue et Victoria Clock Tower - Christchurch

 

Je regrette de n’avoir pas passé plus de temps à Christchurch car je pense avoir un avis un peu biaisé de la ville, à cause du contexte dans lequel je l’ai visité. Du coup, pour équilibrer la balance, voici quelques articles un peu plus optimistes en ce qui concerne la vie à Christchurch :

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